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Janine (Fernande) Banguet-Bascoulergue décorée de la Légion d’Honneur le 22 février 2025 à l’EHPAD de Sornac

Janine (Fernande) Banguet-Bascoulergue décorée de la Légion d’Honneur le 22 février 2025 à l’EHPAD de Sornac.

Au nom du comité ANACR de la Corrèze, je tiens à féliciter Fernande pour l’honneur qui lui est accordé aujourd’hui avec cette nomination au grade de chevalier de la Légion d’honneur.

Et je dois remercier, une fois de plus Monsieur le Sénateur Daniel Chasseing pour sa disponibilité et son engagement à honorer ainsi nos derniers Résistants et Résistantes, au nom du Président de la République.

C’est une grande satisfaction et une grande joie pour notre association de voir enfin reconnus à leur juste valeur, après sa carte de Combattant Volontaire de la Résistance, les engagements de Fernande au sein de sa famille de Résistants puis de l’ANACR – Corrèze.

De son opposition à la dictature de Pétain, à l’aide apportée avec sa famille aux Résistants des maquis voisins, elle a illustré ce rôle, longtemps et insuffisamment reconnu des jeunes-filles et des femmes dont les frères, maris et fils étaient « assignés à Résistance » comme le disait  Jean Maison. Savoir se taire, observer, transmettre des messages, cacher, loger, nourrir, vêtir, soigner les clandestins, cela a sauvé bien des vies et permis la poursuite des combats de la Libération.

Dans les années 1990, lors des réunions du Conseil départemental de l’ANACR – Corrèze, elle nous rappelait le drame vécu par sa famille, avec l’exécution de son frère Jeannot et de ses 46 camarades le 10 juin 1944 à Ussel ; elle évoquait son souvenir de la peur omniprésente des soldats nazis et des miliciens, les perquisitions, les risques d’arrestations…

Après la Libération, elle s’était engagée à l’ANACR, au côté de Georges, son mari, d’abord pour des tâches de secrétariat, puis de trésorerie et enfin de présidence du comité d’Ussel. Elle représentait son comité au Conseil départemental, dont elle était une animatrice assidue et écoutée. Ainsi, elle contribuait à la transmission de la mémoire de la Résistance et de ses valeurs de solidarité, de fraternité, de démocratie et de paix, si bien exprimées par le Conseil national de la Résistance.

Alors nous, les Amis de la Résistance, qui avons repris le flambeau de l’Association, nous lui exprimons toute notre reconnaissance et notre respect pour ses engagements exemplaires, et nous remercions chaleureusement sa famille de nous avoir associés à cet hommage.

Représentant de l’ANACR

Témoignages sur le vécu de Janine (Fernande) Banguet dans la Résistance et quelques informations

Janine (que tous appellent Fernande) est la plus jeune des douze enfants de la famille Bascoulergue de la Tourette qui tenait cette ferme qui a accueilli de nombreux résistants.

Sa sœur Marthe, de 24 ans son aînée, et son mari Jean étaient alors garde-barrières à Aix. Ils confiaient les résistants arrivés d’autres lieux aux camarades du réseau local (parmi lesquels Francis le mari de sa sœur Hélène) pour rejoindre les camps dans les bois.

Fernande et sa mère Marie se sont retrouvées seules après le décès de son père alors qu’elle avait 15 ans. Tous ses frères et sœurs, bien plus âgés, avaient déjà fondé des familles ailleurs, plusieurs de ses frères travaillant pour les chemins de fer, après la guerre.

Elles ont dû quitter la Tourette, et Fernande a trouvé un premier travail comme femme de chambre durant la saison de cure à la Bourboule.

Ce n’est qu’après avoir rencontré Georges qu’ils ont pris le café et habité l’avenue Carnot à Ussel.

Ensuite, ils ont pu construire une maison à l’avenue de Beauregard, au milieu des années 60, et y emménager avec leurs deux fils, Jean-François et Gil, ainsi que « leur mémé », qui a toujours vécu avec eux. Tous deux ont toujours maintenu cette maison ouverte à la famille et aux nombreux ami(e)s de la Résistance et d’ailleurs.

Georges était secrétaire du Comité Haute-Corrèze de l’ANACR, et Fernande toujours à ses côtés jusqu’à son décès en 1993. Elle a alors pris le relais, en cumulant cette fonction avec celle de trésorière. Elle a continué à être très impliquée dans l’organisation des commémorations et la délivrance des cartes de résistants et amis de l’ANACR jusqu’à il y a quelques années.

Depuis, la relève est assurée avec un comité fort d’une quarantaine d’adhérents, dirigé par les deux co-présidents : Mme Marie-Jo Pivier et Mr Théo SOULAT, entourés de membres du bureau très actifs.

Son témoignage personnel, écrit à son arrière-petit-fils Jules Banguet (pour ses études en 6e), il y a cinq ou six ans :

« Quand la guerre a commencé, j’avais 10 ans, en 1939, puisque j’étais née en 1929. A ce moment-là, je ne me rendais pas compte de ce qu’était une guerre. C’est vers 1941 et 1942 que cela a bien changé : les gens étaient poursuivis par les flics du gouvernement de Pétain qui collaborait avec les Allemands.

Mes parents et mes frères et sœurs n’étaient pas des collaborateurs, tu penses ! Moi, j’avais 13-14 ans et je les ai suivis à la maison.

Nous étions dans une ferme à la campagne, et nous cachions ceux qui étaient poursuivis. Ils venaient avec un mot de passe, par exemple « je viens de la part de Rosette » et nous les faisions coucher et les nourrissions.

Vers la fin 1941, il y avait trop de monde, aussi ils ont fait des planques dans les bois.

Quand tu viendras, je te ferai voir ce que c’était.

A mesure que le temps passait, il y avait à nouveau beaucoup de monde, car les Allemands avaient créé le travail obligatoire en Allemagne, et les jeunes ne voulaient pas partir.

Ceux qui ont perquisitionné chez nous n’étaient pas des SS, heureusement pour moi, mais j’avais très peur. On entendait tellement d’atrocités qu’on avait peur de partir en camp de concentration. Pourtant, on ne savait pas à ce moment là que c’était si affreux.

Quand tu viendras, je te donnerai ma carte de combattant volontaire de la Résistance, et bien d’autres papiers.

Quant à ton grand-papy Georges, je ne l’ai pas rencontré à ce moment-là, mais seulement après la guerre, bien qu’on ait fait partie du même réseau de Résistance. Mais en ce temps-là, tout était secret. Je l’ai connu en 1946 ».

Effectivement, Georges, qui était dessinateur industriel à la Fonderie Montupet, s’était lui aussi engagé dans la Résistance dès 1942, à 18 ans. Il a été un des rares rescapés de la tragédie du 10 juin 1944 à Ussel, où 47 camarades ont été fusillés, dont le frère Jeannot de Janine, à peine âgé de 18 ans.

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